Dan Grover écrit un article à propos des différences entre les apps "occidentales" et chinoises. L'article vaut la peine d'être lu au complet, mais la section sur les stratégies d'authentification est particulièrement intéressante, notamment cet extrait à propos des codes QR:

Many sites also allow users to log in by scanning a QR code in the site’s own app. In the QR code is an expiring session identifier that, once read by the mobile app, associates that browser session with the logged-in account.



This is ideal for situations when you don’t want the user entering their password with an actual keyboard. I’ve been told that in the past, many people used online services on public computers in places like internet cafes which can be plagued with keyloggers and spyware.

14 décembre 2014

(via Kottke)

10 décembre 2014

L'avenir du Warburg Institute

6 décembre 2014

Il y a un article fantastique dans le dernier London Review of Books à propos de l'avenir du Warburg Institute. L'institut, fondé au début du siècle par l'historien de l'art légendaire Aby Warburg, a connu une vie mouvementée.

Charles Hope, directeur de 2001 à 2010 de l'institut, raconte en détail son parcours tumultueux: sa fondation par Aby Warburg, son passage à travers l'Allemagne nazie, son déménagement à Londres, mais plus spécifiquement son différend récent avec l'University of London. Depuis plusieurs années, on entendait des rumeurs que l'université tentait de démanteler l'institut et de le fusionner à d'autres par souci d'économie. Sa précieuse collection, offerte en libre accès, aurait aussi été fragmentée. Dans l'article, Hope détaille minutieusement la chronologie de cette bataille avec l'université jusqu'à sa fin devant un juge, qui a tranché en faveur de l'institut en novembre 2014.

On y trouve des perles comme cette remarque concernant l'attitude du service des bibliothèques de recherche de l'University of London envers les bibliothécaires du Warburg qui seraient trop qualifiés:

[...] And the institute has always made a practice of employing scholar-librarians, actively engaged in research and often in teaching. The head of ULRLS [University of London Research Library Services] made no secret of the fact that he thought our librarians over-qualified [...]

L'article se lit comme un roman policier et je le recommande à tous ceux qui s'inquiètent du démantèlement de nos universités et de nos départements d'humanités. Il n'est malheureusement pas disponible en ligne gratuitement, mais il vaut à lui seul le prix du journal.

Charles Hope, Charles Hope writes about the battle over the Warburg Institute, London Review of Books, 4 décembre 2014.</span>

« Pour moi, traduire, c’est ne plus être une personne coupée en deux, entre deux langues, deux cultures. Quand je traduis, en particulier Borges, tout se réunit en un seul courant, et je redeviens un écrivain avec deux langues rassemblées. »

Silvia Baron Supervielle citée dans Florence Bouchy, Borges sentimental. L'histoire d'un livre, Le monde des livres, 20/03/2014.
23 mars 2014

À contraster avec des vidéos comme celui-ci. (via Devour)

14 janvier 2014

Morton Feldman, en parlant de sa musique:

En pensant à tout cela, j'allai au téléphone et appelai mon ami Brian O'Doherty: «Brian, dis-je, qu'est-ce que la surface en musique dont je suis toujours en train de vous parler? Comment la définiriez-vous ou la décririez-vous?»

Naturellement, O'Doherty commença par s'excuser. N'étant pas compositeur, n'ayant pas beaucoup de connaissances sur la musique, il hésitait à me répondre. Après une petite diversion, il revint à la question avec la pensée suivante: « La surface du compositeur est une illusion où il place quelque chose de réel — le son. La surface du peintre est quelque chose de réel d'où il crée une illusion.»

Avec des résultats aussi bons, je me devais de continuer. «Brian, voudriez-vous maintenant, s'il vous plaît, faire une différence, entre une musique qui a une surface et une musique qui n'en a pas?»

«Une musique qui a une surface se construit avec du temps. Une musique qui n'a pas une surface se soumet au temps et devient une progression rythmique.»

«Brian», continuais-je, «Beethoven avait-il une surface ?»

«Non», répondit-il avec emphase. «Connaissez-vous, dans la civilisation occidentale, une musique qui ait une surface?» «Sauf votre musique, je n'en vois aucune.» Vous savez maintenant pourquoi je téléphone à Brian O'Doherty.

Morton Feldman, La musique de Morton Feldman, de Piero della Francesca à Samuel Beckett, Éditions Arte Musica, 2013, pp 15-16.
9 janvier 2014

Tarzans in the Media Forest de Toyo Ito

5 janvier 2014

Par Alexandre Grégoire, le 2014-01-05.

Tarzans in the Media Forest présente une vingtaine d’essais de l’architecte japonais Toyo Ito à propos de sa pratique. Le livre a été publié en 2011, lorsque Ito avait 70 ans. Les essais rassemblés dans le livre (datant de 1971 à 2011) présentent un architecte qui est fasciné par les changements technologiques de la dernière moitié du 20e siècle. Toyo Ito cite William Gibson et Marshall McLuhan, il est touché et inspiré par Le Corbusier et Mies van der Rohe.

Quatre thèmes ont attiré mon attention:

Les espaces transformables

Toyo Ito décrit à plusieurs reprises comment les cerisiers en fleurs délimitaient autrefois un espace qui pouvait être utilisé pour un banquet. À l'aide de draps et de quelques arbres coupés, l'espace pouvait être transformé en maison de thé éphémère. Ito décrit des petits appartements à Tokyo qui, disposant de peu d'espace, peuvent être convertis en chambre à coucher, salle à manger et espace de lecture (avec des journaux, magazines, etc.).

Le nomadisme urbain

Plusieurs besoins qui étaient autrefois comblés dans le domicile d'un citadin peuvent maintenant l'être dans la ville. Si notre travail nous garde hors de la maison durant de longues journées, nous n'avons pas besoin de cuisiner à la maison: les foires alimentaires abondent au centre-ville et nous offrent des mets variés. Les citadins n'ont plus besoin d'avoir une grande salle à manger à la maison — les rencontres de famille se déroulent probablement souvent au restaurant. Les cinémas nous gardent de l'achat d'un système audiovisuel dispendieux. Ito écrit:

Cosy, enjoyable spaces and household functions are being successively absorbed into the commercial spaces of the city. (p. 69)

Les appartements spacieux sont délaissés par une nouvelle classe de citoyens: les jeunes femmes vivant seules à Tokyo. Pour elles, la vie se déroule en dehors de la maison. Elles n'ont besoin que d'un espace minimal où venir se ressourcer quotidiennement.

L'expérience des technologies

L'ère moderne a placé l'individu au centre du monde. Les nomades urbains ont perdu de vue les liens qui les unissent à leurs concitoyens. Même les liens familiaux sont en voie d'être affaiblis. Le sentiment d'isolation se fait de plus en plus fréquent. Devant ce constat décourageant, Toyo Ito prétend que les nouvelles technologies aident les plus jeunes à créer de nouveaux liens avec leurs pairs:

Mobile telephones are an essential tool for today's high-school students. They carry them wherever they go and are constantly communicating with their peers. [...] By hearing the voices of their friends at all times, they seek to avoid being left alone. Their bodies crave the flow of electrons just as they need water and air. (p. 121)

Les téléphones mobiles, les ordinateurs et même les fax (!) permettent aux nomades urbains de rester connectés. Contrairement à beaucoup de ses contemporains, Toyo Ito ne croit pas que ces nouveaux outils technologiques sont la cause du sentiment d'isolement des individus de l'ère moderne. Ils permettent plutôt de s'épanouir dans de telles conditions.

Le lieu technologique

Pour Ito, l'expérience de ces objets, comme celle de l'ordinateur et de l'internet, pose la question de la nature du lieu. Quel lieu habitons-nous lorsque nous consultons un site sur l'internet ? Où sommes-nous lorsque nous parlons à un ami au téléphone ? Ces technologies qui nous connectent avec d'autres êtres distants en les rendant instantanément accessibles défient notre perception des limites, de l'intérieur et de l'extérieur, de la distance et de la proximité.

L'architecture devrait répondre à ce questionnement. Elle devrait se poser comme l'interface entre l'humain et le monde. Mais plutôt qu'être rigide comme un mur, elle devrait reproduire le modèle de la peau ou du vêtement:

It would be more appropriate to call architecture clad in such a membrane a media suit. Architecture is an extension of clothing and therefore a media suit. It is a transparent suit meant for a digitalised and transparent body. And people clad in transparent media suits will live in virtual nature, in the forest of media. They are Tarzans in the media forest. (p. 124)

Toyo Ito ne précise pas comment ce désir peut se concrétiser physiquement dans un projet architectural.


Le livre comporte un dosage adroit de propositions abstraites (comme celle mentionnée plus haut) et concrètes (comme celle à propos des espaces transformables). Les essais choisis couvrent toute la carrière de Toyo Ito, de la formation de sa pratique jusqu'à ses derniers projets, offrant un efficace survol de sa carrière. Le propos des essais est parfois déroutant, mais c'est peut-être dû à la traduction du japonais à l'anglais. J'ai trouvé la lecture du livre intéressante et stimulante.


Tarzans in the Media Forest fait partie de la collection “Architecture Words” de l’Architecture Association of London. Chaque publication de la collection présente des écrits d’un architecte à propos de sa pratique. Le propos peut parfois être très spécifique (comme dans le cas de “The Poetics of a Wall Projection” — concernant un projet architectural de Ludwig Wittgenstein), mais il est généralement livré sous la forme d’une série d’essais datant de plusieurs périodes de la vie de l’auteur.

Les livres de la collection sont disponibles à la librairie du Centre Canadien d'Architecture à Montréal.

Toyo Ito, Tarzans in the Media Forest, Architecture Words 8, AA Publications, 2011, 187 pages.

4 janvier 2014